La décision de la Colombie-Britannique d’imposer des carburants aériens durables représente un coup dur pour la concurrence

La décision de la Colombie-Britannique d’imposer des carburants aériens durables représente un coup dur pour la concurrence

Les nouvelles politiques exigent des carburants durables dans l’aviation, mais des tarifs aériens plus élevés sont probables alors que les dépenses de la vie augmentent

Le gouvernement de la Colombie-Britannique a mis en place de nouvelles réglementations exigeant que les producteurs de carburant pour avions incluent du carburant d’aviation durable dans leur offre disponible. Cette mesure est à la fois un pas progressif dans la transition énergétique vers un avenir plus vert et risque également de rendre les voyages aériens, notamment dans l’ouest du Canada, encore plus prohibitifs pour les voyageurs de la classe moyenne.

Comme tout ce qui est affecté par la crise du coût de la vie, les effets inflationnistes sont presque toujours supportés par le consommateur.

Depuis 2019, les coûts de la nourriture, des loyers mensuels et d’autres nécessités de base essentielles ont considérablement augmenté. Le coût moyen du panier d’épicerie au Canada a augmenté d’environ 40 % au cours des trois dernières années, tandis que les salaires nominaux devraient augmenter de moins de trois pour cent en 2024, et les salaires réels sont inférieurs de 2,4 % à l’année d’avant la pandémie en 2019.

Louer un appartement dans des villes comme Vancouver a augmenté de 706 $ entre 2019 et 2024. Les habitants de la Colombie-Britannique sont financièrement stressés, une enquête révélant qu’un habitant sur trois envisage de quitter la province en raison du coût de la vie.

Pour ceux qui ont besoin de voyager plus rapidement qu’en voiture, les compagnies aériennes sont leur moyen de transport pour se rendre de lieux comme Fort St. John ou Prince George à Vancouver ou Calgary. Malheureusement, les transporteurs plus petits et souvent plus abordables ont une longue histoire de vie courte et d’échec commercial.

Le carburant d’aviation durable (SAF) est bon pour l’environnement, mais comme la plupart des options plus vertes, il est prohibitivement plus cher que le carburant d’aviation conventionnel. En 2022, le SAF aux États-Unis se négociait en moyenne à 2 400 $ la tonne, soit 250 % plus cher que le carburant d’aviation conventionnel sur lequel les compagnies aériennes s’appuient. En juin dernier, le SAF se négociait à 2 700 $ la tonne.

Les nouvelles réglementations de la Colombie-Britannique pour l’approvisionnement en carburant d’aviation exigent des producteurs d’incorporer des pourcentages croissants de SAF dans ce qu’ils vendent, en commençant par un taux d’inclusion d’un pour cent en 2028, avant d’atteindre trois pour cent en 2030. De plus, les producteurs de carburant doivent réduire l’intensité carbonique de 10 % d’ici 2030.

Inévitablement, les coûts imposés aux compagnies aériennes seront répercutés sur les consommateurs par le biais de tarifs plus élevés. Cette tendance s’est produite avec presque tous les autres produits fournis par le secteur privé depuis 2019, et il n’y a aucune raison de s’attendre à ce que les billets d’avion soient différents.

La promotion de carburants d’aviation durables va de pair avec la transition vers les véhicules électriques. Incités par le gouvernement, les VE restent une option plus chère que leurs homologues traditionnels à essence.

Contrairement aux provinces de l’est comme l’Ontario et le Québec, l’ouest du Canada ne dispose pas d’un réseau ferré étendu avec des liaisons fréquentes entre les principaux centres de population. Une partie de cela relève de la géographie, mais les avions restent finalement le moyen le plus rapide et le plus pratique de se rendre des villes du nord de la Colombie-Britannique à Vancouver ou Victoria.

Pour un vol de Prince George à Vancouver le 5 septembre, les seules options sont WestJet ou Air Canada, qui sont bien établies et laissent peu de place pour les concurrents émergents. L’ajout du coût du SAF rendra encore plus difficile l’entrée de nouvelles compagnies aériennes sur le marché déjà difficile.

Les Canadiens partout au pays, pas seulement en Colombie-Britannique, ont souffert du manque de particularités de l’industrie aérienne du Canada. Les politiques protectionnistes du gouvernement fédéral pour l’industrie aérienne ont réduit les options des consommateurs à une très courte liste, ce qui a conduit à certaines des plus hautes tarifs domestiques au monde.

Obliger les producteurs à n’inclure que trois pour cent de SAF dans les ventes d’ici 2023 ne semble pas être un moyen efficace d’avoir un impact significatif sur les émissions. Bien sûr, cela peut sembler réalisable, mais quel est exactement l’intérêt si l’impact est minime?

Les défenseurs de la nouvelle exigence de SAF ont insisté sur le fait que les coûts pour les consommateurs ne dépasseront pas 3 $ par billet pour un vol au départ de Vancouver. Il y a de bonnes raisons d’être sceptique quant à cette affirmation.

Prenons en considération le contexte en Colombie-Britannique. Il n’y a pas suffisamment de production intérieure de SAF, ce qui signifie qu’il devra être importé d’Asie, et le SAF est 250 % plus cher que le carburant standard.

En fin de compte, un mini-scandale a éclaté récemment révélant que le gouvernement de la Colombie-Britannique avait contribué au financement d’un projet d’appartements à Vancouver qui promettait des tarifs abordables, en dessous du marché, pour que les unités finies commencent à louer à 2 750 $ par mois pour un studio.

Il n’y a aucune garantie que l’exigence de SAF ne se traduira pas par des coûts également gonflés.

L’ajout de l’exigence de SAF pour les producteurs de carburant d’aviation pourrait être un coût supplémentaire que les consommateurs devront supporter. La transition verte s’est avérée être une affaire coûteuse, et si elle est considérée comme un privilège des nantis qui peuvent se permettre des VE et ne se soucient pas des frais de déplacement aérien, elle sera vulnérable à être démantelée à l’avenir.

(Geoff Russ est un analyste des politiques avec Resource Works et chroniqueur à Vancouver. Il est un ancien journaliste pour The Hub.)

Liens utiles :
1. https://www.iata.org/en/iata-repository/publications/economic-reports/sustainable-aviation-fuel-output-increases-but-volumes-still-low/
2. https://financialpost.com/transportation/airlines/airline-competition-canada
3. https://www.rbccm.com/en/story/story.page?dcr=templatedata/article/story/data/2024/06/what-saf-mandates-mean-for-airlines-like-ryanair#3A~3Atext3DSAF2520is2520roughly2520trading2520at2Cjet2520fuel252C3F3D3A~3Asays3DFitzgerald.

Chloé Nguyen

Chloé Nguyen

Chloé est notre experte en actualités aéronautiques. Toujours à l'affût des derniers développements dans le monde de l'aviation, elle apporte un regard critique et informatif sur les événements qui façonnent l'industrie. Avec son expérience journalistique et sa passion pour l'aviation, elle vous tiendra informé des dernières nouvelles et des tendances émergentes du ciel.

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