Les sept plus grands groupes de compagnies aériennes européennes ne prennent pas suffisamment de mesures pour réduire leurs émissions de CO2 conformément à l’Accord de Paris, selon un nouveau rapport commandé par Greenpeace Europe centrale et orientale. Alors que les compagnies aériennes européennes devraient réduire au moins 2 % de leurs vols annuellement d’ici 2040 pour atteindre l’objectif climatique de 1,5 °C, aucune des entreprises analysées n’a d’objectifs annuels de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, n’a pris d’engagement de réduire les vols, ou de décarboniser complètement d’ici 2040.
Le rapport conclut que les grandes compagnies aériennes européennes comme Lufthansa, Air France-KLM, IAG (British Airways et Iberia inclus), Ryanair, easyJet, SAS et TAP Air Portugal ne proposent que des solutions trompeuses et inefficaces telles que la neutralité carbone, la compensation carbone et les carburants pour l’aviation durable (SAF) pour lutter contre les émissions.
Herwig Schuster, porte-parole de la campagne européenne de Greenpeace Mobility For All, a déclaré : « Les compagnies aériennes européennes utilisent des solutions trompeuses qui semblent bonnes, mais qui en réalité maintiennent le transport dépendant du pétrole, détournant l’attention de leurs émissions stupéfiantes, du manque d’objectifs climatiques crédibles et des mesures insuffisantes pour lutter contre les impacts du vol. Même face à une urgence climatique, les compagnies aériennes continuent de polluer l’air et cachent leurs pratiques douteuses derrière un écran de verdure. »
Le rapport révèle que seules trois des plus grandes compagnies aériennes européennes s’engagent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre à court terme au cours des cinq prochaines années. L’une s’est engagée à réduire ses émissions de 25 % d’ici 2025 par rapport à 2005, tandis que deux autres sont encore moins ambitieuses. En 2019, les sept plus grandes compagnies aériennes européennes étaient responsables de 170 millions de tonnes d’émissions de GES, soit plus que les émissions annuelles totales de la Norvège, de la Suède, du Danemark et de la Finlande combinées.
Alors que six des sept entreprises analysées prévoient d’utiliser des carburants pour l’aviation durable (SAF) pour lutter contre les émissions, aucune n’a exclu explicitement l’utilisation de carburants agroindustriels nocifs liés à la destruction de l’environnement, à la déforestation, aux violations des droits de l’homme et aux pénuries alimentaires. Les compagnies aériennes européennes mettent trop l’accent sur l’utilisation du SAF pour donner une image écologique, alors que cela ne représentait que 0,1 % ou moins de la consommation totale annuelle de carburant des avions en 2019. Seule une compagnie aérienne investit explicitement dans le développement de carburants e à base de sources renouvelables.
Les émissions de gaz à effet de serre de l’aviation mondiale ont augmenté de 3,4 % par an entre 2010 et 2019 selon un récent rapport du GIEC, alors qu’elles devraient diminuer rapidement. Sans action politique pour contrer sa croissance, l’industrie de l’aviation pourrait devenir l’un des plus grands émetteurs mondiaux et, d’ici 2050, aurait consommé jusqu’à un quart du budget carbone mondial pour atteindre l’objectif climatique de 1,5 °C.
Face au greenwashing et à la promotion de fausses solutions par le secteur de l’aviation et d’autres secteurs, Greenpeace, avec plus de 30 organisations, fait campagne pour mettre fin légalement à la publicité et au parrainage fossiles dans l’UE, tout comme la directive bien établie interdisant le parrainage et la publicité du tabac. Si la campagne recueille un million de signatures vérifiées en un an, la Commission européenne est tenue de répondre à la proposition.
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